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Je veux un shiba inu! (Chien japonais)


Je veux un shiba inu!

Je veux un shiba inu! À force de voir la pub Softbank à la TV je ne peux plus penser à autre chose qu’à ses fichus chiens japonais. Mi-chien mi-chat (j’imagine qu’il aime le poisson) une fourrure toute douce et des yeux brides. Pas étonnant que l’engouement pour ces animaux fasse le tour du monde. Voila que je cède à mon tour malgré ma résistance naturelle à toute fashion victimization. Pourtant j’ai la peau dure. J’ai attendu jusqu’à mes trente ans pour acheter un smartphone, j’ai même refusé de manger des pommes pendant plus d’un mois pour protester contre la suprémacie d’Apple. Je porte les même vêtements depuis le collège et je sors avec des sacs plastiques enroulés autour des pieds pour ne pas céder à la pression des marques. Pourtant chaque homme a sa limite. Entre l’histoire déchirante d’hachiko (qui est un akita inu je sais, mais c’est basiquement la même chose que le shiba inu en plus grand). L’histoire déchirante d’hachiko donc qui resta fidèle à son maître jusqu’à sa mort et probablement dans l’au-delà, je craque, je me fissure. Mais ce qui m’a donné le coup de grâce c’est le vieux au vélo rouge et son chien qui fait les courses dans mon supermarché. J’habite au-dessus d’un supermarché et j’y achète mes boîtes de thon tous les jours, on peut considérer que c’est peu ou prou le mien.

Routine

Tous les jours le vieux au vélo manqué de me renverser avec son vélo. Je profite de l’occasion pour lancer un appel contre les incivilités en vélo. Ce n’est plus possible, personne ne sais en faire mais tout le monde en fait. Ça fait chier tout le monde et surtout moi. J’ai pensé à un tas de solutions pour cohabiter avec les cyclistes, mais j’en suis arrivé a la seule conclusion possible. Il faut interdire cette saloperie. Qu’ils prennent leur bagnole comme tout le monde ou une paire de baskets. Si vous aussi vous êtes outrés par le laxisme envers la vermine cycliste contactez-moi. On va s’organiser une saison de la chasse aux deux roues.

Bref, il avait plu et après avoir manqué ma cuisse de peu je vois cette calvitie familière butter dans un arbre avant de descendre de son vélo. Il attache son chien qui trottinait à ses côtés. Le pauvre animal s’assoit là, calme, sans dire un mot en traçant des kanjis sur le sol. À moins qu’il est trouvé un cafard.

Poussé par la routine. On n’imagine pas la force des routines. Je rentre dans le supermarché. Je passe devant le présentoir des plats préparés à l’affût d’une promotion. Il y a les fritures habituelles que j’évite comme la peste. J’ignore aussi tous les plats à base d’algues. Rien d’intérressant. Allons voir les promos sur la viande. Rien d’exceptionnel à part le poulet extrêmement bon marché comme à l’accoutumé. D’ailleurs je me permets un conseil, si vous visitez le japon l’été et cuisinez du poulet, veillez à bien jeter la peau le jour même. Une seule nuit passée dans la poubelle et vous donnez naissance à un monstre. Je ne souhaite ça à personne.

La négociation

Mauvaise journée pour les promos. Je me rabats sur les boîtes de thon. 200 yens et vous avez un repas presque équilibré. Je prends toujours la même marque. À chaque fois que je dois faire un choix ça prend un temps fou. Même en optimisant au maximum ma routine de course par le schéma suivant: parcours des promotions, si rien de bien, boîte de thon je prends tout de même le temps d’analyser tous les produits du rayon. On ne sait jamais. C’est ainsi que j’ai vu des crevettes bouger sous leur emballage cellophane. On ne pourra pas dire que le poisson n’est pas frais dans mon supermarché. Le vieux au vélo ne souffre pas d’indécision mais d’arthrite ce qui fait que nous nous retrouvons à la caisse en même temps. En le voyant se traîner lamentablement jusqu’à son vélo je me demande combien de temps encore il pourra monter dessus avant de passer au chevauchage de son chien. Pris de pitié pour le pauvre animal je propose un échange: deux boîtes de thon.

C’est non. Pas la peine d’insister. Le vieux est dur en affaire.

L’animalerie d’Osaka

Le lendemain je me rends au travail. (comme à peu près tous les jours ou j’estime nécessaire d’acheter à manger). Au coin de la rue entre le Yodobashi camera et la pharmacie chinoise; celle avant l’adolescent qui porte un gilet de sauvetage et jette des prospectus aux passants; il y’a un nouveau magasin. Une animalerie, ou un pet shop pour les anglophiles. Le marketing est partout, je vais finir par l’avoir ce chien. C’est une grande devanture blanche pleine de vitres ou l’on peut apercevoir des petites cages transparentes. Devant, une vendeuse câline une boule de poils. Dedans des tas de chiots tout mignons. Je m’approche de la vendeuse un peu jaloux.

“Je peux toucher.

-Bien sur.

-C’est tout doux, quel âge il a?

-23

-non le chien

-23 mois.

-Ah pardon. Je peux entrer voir ce qu’il y a l’intérieur?

-Je vous en prie.”

(j’ai fait tout mon possible pour que ce passage n’ai pas l’air louche mais rien n’y fait.)

J’entre dans la boutique et m’assoit sur une chaise de jardin. Il y a un art de la queue au Japon, les files de chaises en font partie. Le principe est simple, il y a une rangée de chaise, à chaque fois qu’un client est appelé il libère sa place et tout le monde avance d’un cran. C’est pas mal du tout surtout en hiver quand on apprécie une chaise bien chaude.

Il n’y a que quelques personnes qui attendent. Un jeune couple qui tripote un chat et un groupe de collégienne qui gratte les vitres des aquariums. Je n’ai pas à attendre trop longtemps et on m’appelle. Tant mieux je dois aller au boulot dans 20 minutes.

“Bonjour vous êtes allergique au chien?

-Bonjour, non. Pourquoi? vous avez des problèmes de suicides au chien ses derniers temps? les trains sont passes de mode.”

Elle ignore ma pertinente remarque.

“lequel vous plairez?”

Je suis sûr qu’il y a un tas de lecteur concernés par la cause animale et qui sont obstinément contre les animaleries. Je ne vous donne pas tord. Mais bon ils sont là de toute façon. je préfère que ses pauvres petits soient amenés par ce petit couple aimant plutôts qu’ils finissent dans mon nikuman. L’objectification des êtres vivants et choquante.

“je peux tous les essayer?

-pas de problème.

-Je peux commencer par le petit chat endormi sur sa branche

-Bien sur”

Je virevolte d’une cage a l’autre en palpant des coussinets. Animalerie ou pas il faut reconnaître que l’hygiène est irréprochable. Qui plus est les animaux sont socialisés depuis l’enfance puisqu’ils passent aux mains des clients potentiels, sauf les moches qui sont caressés par le staff. Tout le monde reçoit l’attention qu’il mérite, aucun ne réchappe à son câlin langoureux. J’aimerais pouvoir en dire autant.

“Vous avez choisi celui que vous voulez?

-En fait ils sont tous très mignons, mais je voudrais un shiba (ou chiba?) inu. Vous voyez, j’habite au Japon et je ne voudrais pas faire tache avec un animal d’une autre race. Je suis bien éduqué.”

Elle cherche un moment et vérifie avec sa supérieure.

“oui il y en a un ici. Pure race, mais un autre client nous l’a déjà réservé. Enfin pas réservé mais nous à fait part de son intérêt.

-N’en dites pas plus je mords à l’hameçon, c’est combien?

Mon cerveau n’a pas été capable de retenir le prix exact. Sans doute un déni de réalité. Quelque chose comme 7000 ou 8000 euros. Dans tous les cas un tarif qui excédait de loin mes capacités financières.

“C’est un peu cher. Vous en auriez pas plus raisonnable ?

-Je suis désolé c’est le seul que nous ayons.

-Vous êtes sûr. Même un d’occasion, un peu moche ou avec une patte en moins ?

-Non monsieur, désolée. C’est ce prix ou rien.

-Vous prenez les boîtes de thon?”

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