origami dans un verre, Sante en japonais

La santé en japonais (au Japon)


La santé en japonais (au Japon)= 健康(kenkoo)

Personne n’aime les prises de sang. En plus je ne fais pas confiance aux médecins. Qui sait ce qu’ils vous injectent dans les veines sous prétexte de conduire des analyses. D’ailleurs je me sens toujours plus mal en sortant de ma visite médicale qu’en y entrant. C’est un signe. Et ça marche aussi avec les hôpitaux, les dentistes et les kebabs. Preuve qu’il y a un truc qui cloche.

La médecine (japonaise ou non) et moi

Cela fait bien 6 ans que je passe sous les radars. Pas de visite médicales, pas de recensement. Tout allait bien, trop bien. Et puis ce qui devait arrive arriva… je reçois le papier (papier pour m’annoncer que les inscriptions allaient ouvrir incessamment sous peu). Je me rappelle de ce jour fatidique. Ma femme était toute excitée.
“C’est super! La visite médicale, la visite médicale!”
Elle va enfin pouvoir vérifier si mon sang d’étranger ressemble au sien.
Je lui dis que je n’ai pas subit de visite médicale depuis des temps immémoriaux. Son visage change du tout au tout. Je comprends que je suis foutu.

La santé au Japon

La visite médicale pour une japonaise c’est comme une part de tarte aux haricots rouges aromatisée au curry servie à Walt Disney: un parc d’attraction géant. Vous devriez les voir dans mon bureau, rayonnantes, virevoltantes en comparant leurs analyses d’urine. Elles sont comme des enfants à noël, des étoiles plein les yeux, ignorants le dispendieux train électrique pour jouer avec la boite.

Naoko et l’analyse de sang

Naoko (C’est un alias destiné à preserver l’anonymat de Tomoko) s’approche de moi, pétillante.
“La visite médicale, la visite médicale. C’est le moment de s’inscrire a la visite médicale.”
Elle me tend le formulaire d’inscription. Je fais un pas en arrière, livide. C’est le moment décisif.
“Tu as l’air d’en avoir besoin, t’es tout pale.
-Merci Naoko”
J’essaie de lui expliquer ma réticence à laisser le gouvernement avoir mon code génétique, des échantillons de mon sang et de mon urine. C’est un coup à se retrouver en prison accuser à tort parce qu’un de ses clones n’a pas paye ses impôts ou q conduit bourré. J’ai des amis à qui c’est arrivé. En plus pisser dans un gobelet c’est pas facile.
“Qu’est-ce que tu racontes c’est super la visite médicale! Comment peux-tu savoir si tu es en bonne santé si tu ne vas pas voir le docteur?
-C’est justement parce que je ne vais pas chez le médecin que je sais que je suis en bonne santé.”
Visiblement elle n’est pas familière avec la géopolitique. Internet n’a pas encore gagné la guerre de l’information.
“Je suis sûr que t’es malade. Tu dis des trucs bizarres. Mais c’est rien. Regarde mes analyses viennent d’arriver. Je suis en pleine forme. 10/10 à tous les tests. Oreilles, sang, cholestérol, tension, tout bien. Je vivrais 150 ans. Plus longtemps qu’une tortue des Galapagos.” parade-t-elle crânement.
Je lui fais remarquer qu’elle est en surpoids ce qu’elle a omis de mentionner.
Ne jamais les laisser prendre trop de confiance si vous voulez préserver l’atmosphère de votre environnement de travail. Elle n’est pas née celle qui m’enverra dans une léproserie.

Ma première visite médicale au Japon

C’est la mort dans l’âme que je dirige vers ma première visite médicale japonaise. À peine monté dans le train et je me sens déjà fébrile. C’est un samedi matin et je suis à jeun depuis la veille au soir. Le bâtiment de la croix rouge se dresse devant les douves du château d’Osaka.LINK La vue est magnifique. Des lycéens en uniforme font leur jogging. Il faut que je retourne à la salle. Le bâtiment en lui-même n’a rien d’extraordinaire. Dieu sait quelles expériences contre nature sont conduites a l’intérieur. Deux caméras surveillent l’entrée. Pas de Dobermans, je m’avance jusqu’à l’ascenseur.

Les tests de santé

7e étage. Une grosse flèche pourpre indique l’entrée. Je prends mon courage à deux mains. Trois infirmières m’accueille a l’entrée.
“Vous parlez japonais?
-Oui et je suis enregistrée à l’ambassade. Et j’ai des contacts au KGB. Ils donneront l’assaut si je suis pas de retour chez moi avant 8 heures.
-Prenez un numéro et les clés du casier. Allez vous changer. Le vestiaire est part la.”
Je suis d’ordinaire plus enthousiaste quand une infirmière me demande de me déshabiller. Mais l’heure est grave.
J’ai le plus grand mal à passer la double range de rideaux qui mène aux vestiaires. Je me déchausse et enfile les chaussons de rigueur. Il y a un grand peignoir bleu avec un numéro sur la manche. J’imagine que c’est pour nous différencier une fois à la morgue. Les Japonais ont une passion pour les peignoirs et le nudisme.

Une vue sur le château d’Osaka pour être en bonne santé.

J’attends une bonne demi-heure devant la grande baie vitrée qui donne sur le château. Finalement on m’appelle. En écorchant cruellement mon nom. Ça n’annonce rien de bon. Je suis pris d’une soudaine envie de partir en courant. Mais un type nu sous son peignoir bleu qui s’enfuit d’un hôpital en courant, je n’irais pas loin. Le piège s’est déjà refermé sur moi. Je fais la seule chose qui me reste à faire.
“Oui madame, c’est moi.”
Elle me tend un gobelet et m’indique les toilettes. Je suis à jeun et je n’ai bu que ma salive depuis ce matin, mais je me soumets au test. Le gobelet est bien rempli, il y a de quoi faire une dizaine de clones. Après avoir posé le verre sur le bar l’infirmière m’indique la prochaine étape: La prise de sang.

Tomber dans les pommes au Japon

On m’amène dans une petite salle recouverte d’aiguille ou des tubes sang décorent les murs, posés sur des tapis roulants. On m’indique la chaise. Résigné je m’assois sur le siège et pose mon bras sur l’échafaud. On me sangle à la chaise. C’est le moment de vérité. La piqûre est presque indolore, ou est ce la sangle qui est trop serrée, je ne sais pas. Je sens le sang quitter mes veines. Mon Cœur accélère. J’ai le soufflé court. La pièce se teinte de blanc, je tombe.

Je vous l’ai bien dit.

Je me réveille enfin.
Je ne sais pas quels tests ont été conduits sur moi pendant que j’étais inconscient. Ou si l’on a regardé en dessous de mon peignoir. Je suis dans la même pièce, allongé sur une banquette. Je évanouis toujours pour les prises de sang. C’est une tradition. Mon corps réagit mal aux intrusions. Il me faut Presque une demi-heure pour récupérer et pouvoir me relever. Une infirmière m’attend pour la suite des tests. Mon samedi est fichu. Les expériences se poursuivent. Test oculaire, auditif, mesure de la taille et du poids. J’ai à peine récupérer, mais les deux premiers tests, je suis assis et tout se passe bien. Tout se complique au moment de me lever et de monter sur la balance. Le verdict tombe. 1m52. Je suis plié en deux dans la position d’une table de salon. Ma tête est appuyée sur le mur pour m’empêcher de tomber. Cela ne semble pas gêner l’infirmière qui note ses mesures avant de m’envoyer dans la prochaine salle. Encore quelques épreuves et je suis libre. J’ai réussi à m’en sortir. Et dire que Naoko fait ça tous les ans. Ils vont envoyer le résultat à mon entreprise (qui éventuellement me les remettra, en théorie sans les ouvrir). La notion de “privée” est différente au Japon.

Prenez soin de votre santé mais méfiez-vous des médecins.

Je rentre chez moi avec les bras charges de boules de riz et de boîtes de thon. J’ai du sang et certainement un ou deux organes à reconstituer. Une semaine passe et je reçois un message de ma femme.
“Tomoko (c’est un pseudonyme pour Naoko) viens de te voir dans un bar avec une coupe de saké et du thon gras. Tu n’étais pas censé être au boulot?
-Mais je suis au boulot. Ça doit être quelqu’un d’autre
-Ah bon… pourtant regarde la photo… c’est ton portrait craché.”

Ils m’ont eu. Le grand projet a déjà commencé.

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