tachinomi japon

Métro boulot dodo (bol de ramen et routine au Japon)


Métro boulot dodo.

Ça m’a pris deux ans savant de me rendre compte qu’après avoir traverse la planète, fuis à l’autre bout du monde, j’étais retombé dans une routine. Bon il y avait tout de même une forte amélioration. Déjà j’étais payé plus, et c’est toujours une bonne chose. Et puis je commençais à faire des projets pour couronner mon avenir un succès bien mérité. Pour commencer aller me prendre un highball.

La journée avait commencé sans surprise, lever 6 heures 30. C’est l’heure de la gym. Je me retourne sur mon oreiller et re-dors jusqu’à 7 heures 30. Cette fois ci c’est la bonne, j’enfile ma chemise bon marché et mon pantalon de costume. La chemise est moche mais le pantalon est une merveille, je l’ai eu chez “suits company” qui comme son nom l’indique et spécialisé dans les costumes pour hommes. J’assume que c’est une chaîne de magasins de vêtements japonaise. Il faut absolument ça en France. C’est plus urgent qu’un énième Uniqlo, zara, h&m ou je ne sais quoi dans le genre. Le train, je tapote sur mon portable éteint. Expérience concluante personne vient me parler. De toute façon à cette heure la personne n’est vraiment la. Boulot. Je me vautre sur ma chaise. Le taiwanais de la vieille est mal passé et je suis a deux doigts la crise d’hemorroide. (je parle du plat taiwanais bien sur, pas du serveur qui d’ailleurs était une femme, n’allait pas interpréter des trucs bizarres).

Il y a une nouvelle près de la photocopieuse. Je reste assis, si je lui dis bonjour je vais devoir mémoriser son nom. Vu le turnover c’est une perte de temps. Vers 10h le patron arrive. 10 heures 15 il franchit la porte du bureau. Il hurlait des insanités dans l’ascenseur. 10 heures 30 il décide d’implémenter une nouvelle stratégie d’emailing ou de faxing plutôt. Nous sommes dans le pays de la technologie. Les baitos sont sur le pas de guerre. On leur attribut des taches précises.

“Travaillez”.

Les japonais sont devenus experts à maîtriser deux rôles dans leur vie, celui de “maître” et celui “d’esclave”. il est déconcertant de voir avec quelle aisance ils passent de l’un a l’autre. De serviable, essentiellement en position d’angle droit, la langue traînant sur leurs chaussures avec leurs supérieurs à véritable tortionnaire quelques minutes plus tard qu’en le vendeur du conbini a oublie le sachet de sauce soja. Si je le note c’est que les attitudes sont extrêmes et on me fait souvent remarque à quel point je jette nonchalamment la monnaie à la tète de la petite serveuse qui m’apporte les takoyakis en faisant bien soin de faire tomber une pièce de 100 yens pour qu’elle vienne la ramasser à mes pieds. Mais regarder son visage s’illuminer! Je suis dans mon rôle, et ça rend tout plus facile. Faites ce qu’on vous demande au lieu de sourire bêtement et de laisser un pourboire. Vous voulez les faire paniquer? Dérailler le système? Lui faire perdre son boulot? Ah, les touristes…

Bon il me reste 8 heures à tirer faut que je m’occupe. Rien de plus facile que de s’occuper dans un bureau. Le travail de la journée, avoir l’air surchargé de travail, remettre des agrafes dans l’agrafeuse, lire mes spams, changer mes crayons, ranger et mettre des post-it multicolores un peu partout…. merde ou est cette agrafeuse.

Ah le patron à changer d’idée maintenant il veut refaire le site internet…

Finalement il est 18,19 ou 20 heures et je m’échappe de l’enfer des gens assis. Quelques pas pour me dégourdir les jambes et direction le tachinomi pour profiter d’un bon verre de whisky noyé dans de l’eau pétillante. Un tachinomi c’est un bar ou l’on boit dedans. Ils y servent toute sorte de plat. Du classique de bar, le hareng frit, des edamame et du poisson cru. J’aime la division des taches, on travaille assis et on boit debout. Boire debout c’est comme boire assis mais avec des effets inverses. Quand on est assis faut pas se lever au risqué de tomber dans les pommes. Pas pratique pour rentrer chez soi. Génie du tachinomi je ne m’évanouis qu’une fois sur mon futon.

Je commande un highball. C’est ma nouvelle drogue. Un palliatif à la bière de luxe. Je sais le français réfractaire au mélange mais si vous passez au Japon, personne ne vous voit, essayez, vous serez conquis. La patronne me sert avec le sourire. Je suis un habitué. C’est le seul bar du genre correctement éclairé. J’aime cette sensation du jour au milieu de la nuit et ça me permet de voir ce que je bois. Uda (nom fictif inutile de le chercher sur facebook) entre en saluant tout le monde au comptoir il a son habituelle salopette de chantier bleu tachée et déchirée par endroit. Je pousse mes escargots de mer pour lui faire une place. Tout le comptoir se décale. T. ayant un petit business de transport routier et 3 ou 4 camions, surtout remarquable par son imposante musculature. Puis R. petit et boiteux, ouvrier célibataire qui cherche le grand amour. Il y a “google trad” qui essaie toujours de me parler en anglais et traduit tout ce que je dis depuis qu’il prend des cours du soir. Sans oublier “charming” en référence au prince charmant pour son sourire certes édenté mais irradiant la gentillesse et le shochu. il n y a quasiment que des hommes dont la plupart sont des admirateurs de la patronne. Celle-ci mère célibataire est dans la quarantaine mais en parait bien 10 de moins et a tout pour plaire. Elle sert la bière. Les conversations tournent principalement autour de la vie du quartier, de la dernière news ou du match de base-ball perdu la veille. Quand un nouveau rentre il hésite toujours un peu à me parler avant de céder à la tentation. Et après quelques passes en japonais il commence à me complimenter. Et essaie à son tour de me parler en anglais pour ne pas être en reste. Je le complimente à mon tour tout aussi hypocritement. D’ailleurs je m’élève contre cette idée reçue: il est parfaitement faux qu’il faille être intelligent pour parler plusieurs langues. Au contraire même être un crétin est généralement un avantage. C’est d’ailleurs très logique, si quelqu’un s’exprime avec 200 mots dans sa langue d’origine il sera bien plus facile pour lui de retrouver la même aisance dans une langue tierce que quelqu’un qui s’exprime avec plusieurs milliers de mots et des tournures complexes. Cela est d’autant plus vrai que même pour des phrases simples la personne (simple elle aussi) utilisera toujours les mêmes tournures sans réfléchir. Ce n’est pas le cas pour quelqu’un de plus réfléchis qui cherchera à soigner sa tournure de phrase et faire passer un maximum de sens par le choix des mots. Ne vous privez pas d’utiliser cet article comme excuse pour ne pas avoir ouvert votre livre de kanji ces 6 derniers mois. Plus sérieusement, ce n’est pas surprenant si l’on retrouve chez les polyglottes une proportion anormalement élevée de crétins.

On discute ensuite un moment. Des trucs classiques pourquoi le Japon, est-ce que je peux manger du poisson cru, qu’est-ce que tu penses de la croupe de la serveuse. Il m’offre un dernier verre puis me tape dans la cuisse.

“siiii you”

Apparemment il y a des aussi des polyglottes dans les bars. Moi qui pensais le milieu préservé. Peu importe c’est à mon tour de rentrer me coucher. Je titube jusqu’à chez moi rasséréner. Bien sur je suis loin d’être japonais, mais je me sens membre d’un tout. Et la nuit est si zen. La chaleur moite de l’été m’accompagne jusque dans mon lit.

6 heures de sommeil, un slip propre acheté au conbini et je suis prêt pour une nouvelle journée.

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