Il y a de nombreux cabinets au Japon, tous ont des tarifs et niveaux de confort différents (parfois c’est simplement de l’arnaque, surtout sur Tokyo). En ce qui me concerne, j’ai choisi un petit cabinet d’Osaka non loin de chez moi. Avant toute chose, il est important de préciser que je suis un phobique du dentiste. Peu de gens comprennent ce que ça signifie… On a le droit à toutes sortes de remarques désobligeantes par des demeurés qui ne savent pas à quel point c’est difficile de surmonter sa peur pour se rendre dans ce fichu cabinet de torture, inutile d’essayer de raisonner, rien n’y fait, la peur ne part pas. Heureusement pour moi, d’ordinaire, mon père (qui a aussi peur que moi) me remonte le moral. Enfin bref, il a vraiment fallu que je me fasse violence pour y aller.
Je me rends sur place : première surprise, le cabinet du dentiste donne sur une baie vitrée, je vois le fauteuil tournant et entends le bruit de la foreuse. Je commence à faire demi-tour quand ma copine me retient par le col (pas d’échappatoire). Je monte finalement à l’étage, me déchausse (les chaussures, pas les dents !) et enfile les chaussons du cabinet. Jusque-là, tout va bien. Ma copine me demande pourquoi je vais chez le dentiste si je n’ai pas une douleur accrue. Oui, au Japon, la visite de contrôle n’est pas courante (ce qui explique sans doute la dentition de certains). Après quelques minutes, on m’invite à m’asseoir sur le fauteuil. Il y avait deux fauteuils dans la salle, le cabinet étant petit, et j’étais seul à cette heure de la journée. Mais il faut savoir que les dentistes japonais prennent plusieurs patients simultanément les uns à côté des autres. Sans doute pour nous rassurer… Première mauvaise surprise, la séduisante jeune femme que j’avais aperçue à la fenêtre n’était pas la dentiste mais seulement une assistante. C’est un vieillard édenté (ce qui m’a inquiété sur le moment) qui entre pour me soigner. Je relâche immédiatement mon ventre qui manque de faire craquer mon jean. En effet, j’étais en jean. Comme me l’a gentiment fait remarquer Madame, c’est plus facile pour nettoyer les tâches de sang !
L’auscultation commence, il me demande où j’ai mal et depuis quand. Je lui réponds que j’ai mal partout et que ça s’intensifie depuis que je suis entré. Il me demande d’ouvrir la bouche. Pour l’instant, rien de louche. Il a tout les instruments comme en France (merde, c’est un vrai dentiste !) et puis de toute façon, j’avais reconnu l’odeur typique à l’entrée. Il va me charcuter, c’est sûr ! Il observe un moment, me gratte les dents avec son instrument en acier atrocement pointu. Il me dit qu’il ne voit pas de carie. Je lui dis qu’il se goure forcément, surtout que la douleur s’amplifie de seconde en seconde. Il repère mes dents de sagesses dont une est de travers et me cause parfois une douleur. Alors, il fait une radio … En fait, il en fait plusieurs. Il me les montre pour me prouver que je n’ai pas de carie puis finit par me tendre un miroir au-dessus de la tête pour que je vois par moi-même. Bon, apparemment, je n’ai pas de carie. C’est déjà ça de pris. Mais mes dents de sagesse, alors ? Non, j’ai pas 15 ans mais je suis un peu en retard niveau dents de sagesse. Il me dit qu’une est de travers, mais qu’elle ne bouge pas pour l’instant. Un bon brossage avec une brosse à dents spéciale devrait soulager les douleurs épisodiques. Il ajoute que si la douleur devient forte, je devrai me diriger vers un hôpital pour une opération. Je lui dis « oui Monsieur, tout ce que vous voulez tant que vous enlevez ce truc de ma bouche ». Mais je ne suis pas fou, je sais qu’ils ont de la morphine à l’hosto, c’est mieux qu’une carie.
Il finit l’examen et me raccompagne à la porte. C’est l’heure de payer. D’ordinaire, je suis radin, mais chez le dentiste c’est avec plaisir que je lui file mon blé, ça veut dire que c’est fini. Il m’annonce le tarif (je m’attends au pire avec les radios et tout), 990 yens, soit 7euros ! Je ne dis rien et m’en vais avant qu’il le remarque. A peine arrivé à l’ascenseur, il me rattrape une boîte à la main. Merde, c’était trop beau ! Le voilà qu’il me tend une brosse à dents spéciale, en cadeau. Je le remercie encore et m’éloigne, soulagé ! Bon, depuis, j’ai changé de dentiste. J’en ai trouvé un sympa à Tenmabashi, un décor super moderne et un staff et des médecins entièrement feminins. C’est que je suis fragile. J’aimerais pas tomber sur la réincarnation de Stalone en blouse blanche. Je n’ai pas vaincu ma peur du dentiste, ça n’arrivera jamais. Mais je m’astreins à un rendez-vous régulier tous les six mois et au détartrage qui va avec. J’y vais en tremblant mais au moins j’y vais. S’il y a des phobiques qui me lisent, je ne peux vous donner qu’un consei l: soyez chiants… Je veux dire, exigeants. Vous êtes les clients et les médecins n’ont aucun pouvoir sur vous. D’ailleurs, ils ne sont pas tous bons. Et bonne chance à celui qui voudra me prouver le contraire ! Choisissez un praticien (ou une praticienne) avec qui vous vous sentez bien et allez-y à votre rythme. Je suis avec vous !
-Cet article est extrait de mon livre « Comment se courber comme un Japonais » disponible sur Amazon. N’hésitez pas à y jeter un oeil si le coeur vous en dit.
-Pour cet article j’ai changé de font (j’ai utilisé la Verdanna) pour amérliorer la lisibilité. J’espère que l’expérience de lecture sans trouvera améliorée. N’hésitez pas à me faire part de vos retours concernant ce changement graphique. Merci.
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