kimono

Un matsuri sans kimono

Un matsuri sans kimono

Comme tous les pays d’Asie l’été est chaud et humide. Cette humidité si pénible pour nous autre européens est particulièrement dérangeante au Japon. Un temps à rester chez soi pour jouer avec sa dernière console Nintendo avec l’air conditionné a fond. Seule solution pour ne pas finir envahit par la moisissure qui ronge tout. Et pourtant…

Quand il fait chaud, prend le bateau

Jeudi matin 8 heures, je m’extirpe de mon futon péniblement et commence à rouler vers mon frigo. Je bute une fois sur les portes coulissantes en bois recomposé, manquant de finir estropier. J’évite ma chaise de bureau et l’étagère à épice recouverte de la poussière accumulée depuis que le dernier séisme l’a nettoyé. Ouf il me reste une gaufrette glacée pour le petit déjeuner. Vous n’avez pas idée de la difficulté à trouver une glace mangeable sorti du classique vanille chocolat dans ce pays. Pas de cassis, pas pistache et vous pouvez vous gratter pour le citron. Au mieux vous avec de la glace pilée avec du sirop. Franchement pas de quoi se faire un petit déjeuner acceptable. Je fais le chemin en marche inverse puis roule jusqu’à mon pantalon (roulé lui aussi) sous le canapé. Je réunis tout ma force de volonté pour me lever et partir au boulot. On imagine que peut la douleur que cela représente au quotidien. Si au moins j’avais un contremaître des chaînes et quelques coups de fouets, j’aurais quelqu’un à haïr. Là je dois m’infliger ça moi-même. Les salauds.

Il y en a qui restent en pyjama

A peine sorti de chez moi je sens bien que quelque chose cloche. Enfin je veux dire plus que d’habitude, c’est le Japon après tout. Des vieux portent des tambours, des jeunes ont remplacés leurs baskets par des claquettes en bois. Il y en a même qui portent des djellabas avec des ceintures de peignoirs. Je marche vers la gare.

Au fur et à mesure que je me réveille l’étrangeté de cette matinée me frappe de plus en plus. L’atmosphère a changé, les octogénaires ont la ridule joyeuse, les oiseaux chantent et les gosses pleurent. Saleté. Heureusement qu’il n’y en a pas beaucoup.

Un matsuri c’est quoi ?

Je me fraie un passage dans le wagon, 20 minutes et puis j’arrive dans une forêt de kimonos. Cette fois c’est clair, il se passe quelque chose. Ah, mais oui, c’est le Tenjin matsuri. J’avais oublié ce truc-là. Je l’ai pourtant fait trois ou quatre fois. Ah oui, le didacticiel :

Un matsuri c’est un festival (généralement l’été) qui a lieu au Japon. Pour le Tenjin il y a une procession de bateau. Les grands matsuris ont tous leur parade de quelque chose. C’est sympa deux minutes. Mais c’est pas pour ça que les gens viennent, je vous le dis. C’est surtout l’occasion de parader en Kimono autour des stands de takoyakis une Asahi à la main. La règle est simple : faire tenir le plus de personnes possibles dans un espace confiné en plein soleil. Le premier qui fait tomber sa brochette a perdu.

Ça n’a pas l’air super ton truc ?

Non, mais pourtant c’est sympa. C’est inexplicable. Peut-être les kimonos, peut être l’atmosphère, c’est difficilement explicable, mais il y a une sorte de nostalgie dans ses célébrations. La même beauté qui se cache dans la plupart des traditions. Le lieu, les odeurs, et même l’insupportable humidité, tout est indispensable pour retrouver le charme du matsuri. J’ai tenté d’importer le concept en tournant autour d’un stand de merguez en robe de chambre. Eh bien les gens n’avaient pas l’air convaincu. Une question d’atmosphère je vous dis.

Le retour

Toute bonne chose à une fin, et après avoir goûté à la nostalgie d’un Japon en Kimono le retour à la réalité est violent et désagréable. Prendre le train de retour. Des milliers de personnes couverts de sueur et de sauce soja, plus serres que jamais dans un wagon miniature. L’enfer des transports en commun. Ceux qui habitent ici (et ne sont pas complètement illuminés) vous le diront l’attitude des Japonais dans les transports et à l’opposé de l’image marketing de l’asiatique poli vendue dans les films hollywoodiens. C’est la guerre pour s’asseoir, pas d’handicap qui tienne. Et je vous dis même pas pour sortir de cette boite. PERSONNE ne se bouge le cul ou ne se décale d’un millimètre. J’ai bien essayé de gueuler des sumimasens au début, ou de me lever 5 stations avant pour me faire un passage près de la porte. Rien n’y fait. Le temps qu’ils se décalent les portent se referment et je dois sortir à la station suivante. Alors j’ai observé les locaux, les petits se faufilent en marchant sur les pieds de tout le monde, les grands mettent des coups en gueulant « sumimasen » aux estropiés. Personnellement ça me gonfle de vocaliser à tout bout de champs. Alors j’essaie de prendre les espaces comme les petits et puis quand il y en a un qui manifestement n’en a rien à foutre des autres êtres humains dans le même compartiment je lui mets un petit coup de genou. A Rome il faut faire comme les Romains.

Comme d’habitude, si vous aimez le blog, n’hésitez pas à regarder mes livres dans la boutique !

Cordialement,

Toriaezu Japon


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